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Plongée à Cannes (Ile Sainte Marguerite) 2003

Les photos de Johann Novembre 2003

L’ile

Nos têtes

Les plongées


Le reportage d’Emilie

Souvenirs, souvenirs …
Quelques mots pour ne pas oublier la Y5, leur bonne humeur, leur slogan et leurs bonnes actions !!!
Loin de n’être qu’un vulgaire numéro de chambre, la Y5,Composée de 9 délirés : Johann, Karl, Emilie, Terenty, Carlos , Fred, Christophe, Dumé et Yohann a désormais son histoire.
Et pour faire partager leur énergie débordante, les  » Y5  » n’ont pas hésité à faire profiter aux autres plongeurs (lors d’une virée nocturne bien sur !) les réveils à la soupière. Investigation réussie marquant la fin de notre séjour a bord de l’ile Sainte Marguerite. Nous n’oublierons pas non plus les  » douces  » poésies du soir(oups ), la désormais populaire « Sonia » (n’est ce pas Dumé !!), les apéros, les attaques de boulettes de pain (Karl s’en souviendra longtemps !!!)…et tous les autres bons moments (mais on ne peut pas tous les citer). Alors qu’aurait été l’ile Sainte Marguerite sans « THE POWER OF Y5 » ???
En tous les cas merci a tous pour ce séjour réussi !
Et maintenant Y5, profil bas !!!Ciao.


Les photos de Laurent


Le reportage de Bruno

Pour la troisième fois en quatre ans, nous sommes allés plonger au large de Cannes dans les structures de son club municipal basées sur l’île Sainte Marguerite. Nous avons retrouvé avec plaisir les murs et les bâtiments de ce fort séculaire chargé d’histoire. La beauté et le calme de ce site s’ajoutent au plaisir des plongées.
Tout ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices puisque la dernière partie du voyage en car s’est faite sous la pluie. A l’arrivée à Cannes vers 6h30, la pluie a cessé. Le temps de prendre un café dans un bistrot près du port et nous embarquons sur le bateau qui nous emmène jusqu’à l’île. Un quart d’heure plus tard nous débarquons sur le quai au pied du fort. Pour ceux qui sont déjà venus rien n’a changé, les souvenirs reviennent. Le plaisir d’être ici est intact. Les autres sont surtout frigorifiés par la pluie qui vient de reprendre. Nos bagages sont montés dans une remorque tirée par un tracteur. Arrivés au fort, Pascal et Dumé nous annoncent les chambrées et nous donnent les clefs. Nous retrouvons les chambres que nous avions en 1999. Chacun pose ses affaires et se dirige vers la salle à manger pour un petit déjeuner attendu. Ensuite préparatifs pour la plongée.
La première plongée s’est faite avec des conditions climatiques peu encourageantes : nuages, vent et mer agitée. L’après-midi, le ciel s’est dégagé, la mer est devenue lisse comme un lac. Au retour de la plongée de ce samedi après-midi, Jean s’est blessé au pied droit, fracture du gros orteil. Il partira immédiatement à l’hôpital pour revenir parmi nous mardi après-midi avec une paire de béquilles. Il lui faut maintenant s’armer de patience. Quoi qu’il en soit, il est prêt pour le festival de Cannes. Le reste des plongées se fera sous le soleil. La dernière, mardi matin s’est faite dans une mer agitée. Les plongeurs embarqués sur le cata-barge ont vécu un retour de plongée mouvementé et mémorable. Jean-Luc, notre charmant chauffeur, parti sur l’autre embarcation,  » la Galuette « , pour faire son baptême de plongée s’en souviendra aussi. Ca s’appelle le mal de mer, personne n’est à l’abri.
Le séjour a permis aux nouveaux venus de découvrir non seulement les sites de plongées mais aussi un lieu d’hébergement exceptionnel. Je ne parle pas de la salle de douche où l’on retire la combinaison sous l’eau chaude, ni de l’excellence de la restauration. Non, je parle du caractère unique de ce lieu. Ce séjour marquera aussi les débuts de quatre des récents niveau 4 comme encadrant : Franck, Laurent, Philippe et Sylvain. Ils ne peuvent pas encore signés les carnets de plongée mais c’est en bonne voie. Pour Franck, le cachet de la poste fait foi.
Pour finir une anecdote. Dans le car, avant le repas, nous prenons l’apéritif. Toute la logistique se trouvait à l’arrière avec Lucky. Il fallait donc faire passer les verres, mais aussi les cacahuètes, les pistaches et autres rondelles de saucissons. C’est Claire (la fille d’Isabelle et Eric) qui, avec délicatesse, discrétion et efficacité, s’est acquitté de cette tâche. Un de mes voisins dont je tairai le nom, par amitié, a dit, après un des nombreux passages de Claire :  » elle nous gâte….. de Montélimar « .
Il me faut remercier Karl pour son sens de l’animation nocturne avec les Y5, dernier groupe à la mode. Musicalement c’est assez pauvre, mais ça fait du bruit. Pour la prochaine sortie mer avec le club, je lui conseille une combinaison étanche à la place du pyjama. Il me reste à remercier les membres du bureau pour l’organisation de cette sortie : que du bonheur !

Bruno


Reportage de Jean

L’indigent

Les embruns volent autour de la vedette rapide qui traverse la baie de Cannes par cette nuit du mois de novembre.
Le pilote parle de choses et d’autres, indifférent au chargement qu’il transporte sur la banquette arrière de son Chris-craft ; des gerbes d’eau me passent autour.
Le froid ne me touche pas. Un morceau de bâche sur moi, je ne porte que le bas d’une combinaison humide.
Quelle galère ! Les souvenirs s’organisent peu à peu dans ma mémoire.
La plongée s’était bien passée PPT – petite plongée tranquille
Un peu de bio, une gentille balade tout ce qu’il y a de plus zen.
Le mouillage, le déséquipement, le port, le débarquement, le tracteur qui recule avec sa remorque.

« La main dessus  » c’est peut être le besoin de motiver ou la précipitation qui m’a poussé ce soir là.
Ouvrir la ridelle. Faire attention, elle est lourde et peut sortir de ses gons.
Trou noir !
Là, c’est là que se trouve le trou de mémoire.
Le seul souvenir qui revient c’est la douleur.
Pas la douleur qui vous fait pousser le cri horrible des films d’épouvante, mais celle suffisamment forte pour vous faire comprendre que l’égratignure n’est pas négligeable.

J’essaye mollement de remettre la ridelle dans ses gons puis j’abandonne et m’éloigne sans bruit.
A l’abri des regards comme l’animal blessé qui lèche ses plaies, je retire le chausson déchiré.
Ce n’est pas beau. Un trait barre l’orteil comme un coup de marqueur. Le seul problème c’est que ce trait est profond. Je ne m’en sortirai pas seul cette fois. Le voyage en Argentine la semaine prochaine arrive tout de suite et s’accroche à la galère.
J’appelle à l’aide. Il fait bon se retrouver dans un club où les gens savent gérer les situations dans le calme. Je me laisse faire, ce n’est pas mon habitude mais je n’ai plus la main, enfin le pied.
Les pompiers sur le ponton arrivent tout de suite, simple, efficace. Evacuation sur Cannes
Je pars avec mon sac étanche, des vêtements secs et mes papiers.
Le téléphone reste introuvable.
La sortie du bateau, l’ambulance, l’arrivée à l’hôpital et puis c’est Urgence qui commence.

Pas comme la série, dans le calme et compétence.
–  » Vous êtes marin ? C’est un accident du travail « 
–  » Non, plongeur en vacances. « 
Un premier examen rapide génère une alarme chez les médecins. Le pied est glacé.
Heureusement le second l’est aussi, cela semble les rassurer.
Quelle chance d’avoir deux pieds.
Suivent les formalités d’usage, nom, prénom, etc..
Et la question qui revient toujours !
– » Que vous est-il arrivé ? « 
Je crois qu’à la vingtième fois, l’envie de parler du crocodile qui surgit du fond de l’océan, m’est apparue comme une alternative amusante pour passer le temps.
La découpe de la combinaison est inévitable. Que je suis content de ne pas uriner dans mon néoprène.
Les opérations se suivent dans l’ordre, radio, visite du chirurgien de garde, sutures et pansement. Tout va bien, je n’ai pas de douleur et je conserve le bout de l’orteil.
Je me voyais déjà comme dans un film de montagne en train de masser un moignon de pied.

Je me retrouve dans la salle d’attente des urgences entouré de vieux ou plutôt de personnes du troisième voir quatrième âge.
L’interne de garde arrive pour me signifier que je vais passer la nuit en observation. En effet, la blessure est grave et il ne veut pas me voir revenir dans deux heures avec un orteil bleu ou une douleur insupportable. De plus je n’ai pas d’adresse sur Cannes et il est impossible de me rapatrier sur St Marguerite.

Le brancardier arrive en sifflotant.
– » C’est vous qui passez la nuit ici ? « 
Je ne prête gère attention à cette question anodine et pourtant avec le recul, elle va seller mon destin dans cet hôpital.

Il me met sur un lit puis jette au pied du lit, le sac marin et le sac poubelle qui contient les restes de ma combinaison.
L’infirmier arrive et après un nouvel interrogatoire d’état civil me questionne sur mon hébergement à Cannes.
– » Pas d’adresse à Cannes et pas d’hôtel ? « 
– » Non « 
Etat de choc, anesthésie ou tout simplement lassitude de répondre aux questions, je ne le rappelle pas pour préciser ma situation quand il sort avec le sourire aux lèvres.
De plus avec le réchauffement la douleur arrive insidieusement.
Je demande un oreiller et un calmant puis, je m’occupe l’esprit en me plongeant dans un bouquin qui par bonheur traînait dans la poche de ma polaire.
Pour avoir demandé l’heure à mon voisin, je sais qu’il est vingt et une heures

Ce que j’ignore à cet instant, c’est la nuit sans sommeil qui va suivre et les douleurs qui vont l’accompagner. Je ne peux pas le prouver, mais je jurerais qu’à chaque fois que l’infirmière de nuit passait, elle évitait de regarder vers moi, bien que ma position en appui sur un bras, ne soit pas la position du dormeur tranquille.

Je me décide enfin à appeler quelqu’un. Mon voisin possède une poire d’appel ce qui n’est pas mon cas et sonne pour moi.
Un aide soignant arrive pour me dire qu’il est trop tôt pour des calmants depuis les derniers et qu’il va falloir patienter jusqu’à six heures.
Il est cinq heures et demi.
Dix minutes plus tard les calmants arrivent avec l’infirmière.
Six heures. Changement d’équipe
Les aides soignants arrivent pour les toilettes.
Nous sommes trois dans cette chambre. Un ancien – quatre vingt deux ans, un gamin – soixante douze ans et moi.
– » Pépé on va s’occuper de vous, Monsieur avec votre bras en écharpe vous pouvez vous en sortir seul et toi la bas, c’est l’heure de se laver. Et en plus je suis sûre qu’il n’a même pas d’affaire de toilette. « 
En clopinant, interloqué, je vais au lavabo et me lave avec un gant, comme je peux.
La jambe en position basse me lance. Mon lit est refait, on me donne une chemise de nuit et je me rallonge.

L’infirmière revient à la charge.
– » Avec une coupure au pied vous avez le droit de marcher dans les couloirs « 
Je lui fais remarquer avec courtoisie que les internes du service d’urgence ont diagnostiqué une fracture.
– » S’il fallait croire tout ce que disent les internes. Et puis de toute façon vous partez à midi. Les gens qui vous hébergent sur l’île sont prêts à vous recevoir. Le médecin passe à dix heures pour signer votre sortie. « 

Un doute s’installe. Me prend- t-on pour une personne qui recherche l’abri et le chauffage dans un hôpital ?

Le médecin arrive et demande à voir la plaie. Il revient et m’informe des suites de mon état.
Il s’étonne également du manque d’anti-inflammatoires, demande une ordonnance pour des béquilles et m’interdit de me déplacer sans.
Il me garde encore une nuit.
L’infirmière est surprise et dépitée.

La journée s’écoule lentement, le polar est terminé depuis longtemps. L’île de St Marguerite est visible par la fenêtre proche et pourtant si éloignée.

En fin de journée mon voisin de lit et moi même entamons une conversation un peu bizarre
– » Moi cela ne me pose pas de problème de parler avec un S.D.F. J’en ai connu un très sympathique une fois « 

Il me faut une minute pour comprendre qu’il parle de moi. Il a surpris une conversation entre les infirmiers hier soir, où l’histoire de l’homme du trois cent cinq est un indigent légèrement coupé au pied, qui passe la nuit par complaisance du service d’urgence.
Le sac poubelle doit y être pour quelque chose.
Une vague de solitude me submerge, une secrétaire entre pour me dire qu’un appel téléphonique va arriver dès qu’elle m’apportera un téléphone.

Ca y est, la voix de Carol, les cris au fond :  » Il est là « .
Je suis sauvé. Le contact est fait.
Odile me rappelle cinq minutes plus tard.
Je vais passer une meilleure nuit. Les anti-douleurs ne sont plus interdits et j’ai même le droit à un somnifère. Je ne suis plus à la recherche de drogues.

La visite du médecin le lendemain se fait très normalement et quand j’évoque le voyage en Argentine et les soins pouvant être prodigués par mon amie médecin, je n’ai pas pu m’empêcher de jubiler intérieurement du regard que se sont échangé les infirmières à ce moment.
Enfin vers treize heures, mes sauveurs, Carol et Pascal arrivent.
La fin de cet épisode reste très classique sauf peut-être la récupération des radiographies.
Le secrétariat ne voulant pas les remettre à Carol, je me déplace en béquille pour les réclamer.
La tractation est longue et je fais remarquer que mon pied est en train de gonfler et, en aparté pour Carol, qu’il n’est pas le seul.

Moralité : Mieux vaut être plongeur bien portant, qu’indigent dans une chambre d’hôpital de Cannes

Kenavo, Jean